« Ce livre, lesMiserables, n'est pas moins votre miroir que le nôtre. Certains hommes, certaines castes, se revoltent contre ce livre, je le comprends. Les miroirs, ces diseurs de verites, sont hais; cela ne les empeche pas d'etre utiles.
Quant a moi, j'ai ecrit pour tous, avec un profond amour pour mon pays, mais sans me preoccuper de la France plus que d'un autre peuple. A mesure que j'avance dans la vie je me simplifie, et je deviens de plus en plus patriote de l'humanite.
Ceci est d'ailleurs la tendance de notre temps et la loi de rayonnement de la revolution française; les livres, pour repondre a l'elargissement croissant de la civilisation, doivent cesser d'etre exclusivement français, italiens, allemands, espagnols, anglais, et devenir européens; je dis plus, humains. De là une nouvelle logique de l'art, et de certaines nécessités de composition qui modifient tout, même les conditions, jadis étroites, de goût et de langue, lesquelles doivent s'élargir comme le reste.
En France, certains critiques m'ont reproché, a ma grande joie, d'etre en dehors de ce qu'ils appellent le goût français; je voudrais que cet eloge fût merite.
En somme, je fais ce que je peux, je souffre de la souffrance universelle, et je tâche de la soulager, je n'ai que les chétives forces d'un homme, et je crie à tous: aidez-moi ! »
-Victor Hugo
« Ce livre, lesMiserables, n'est pas moins votre miroir que le nôtre. Certains hommes, certaines castes, se revoltent contre ce livre, je le comprends. Les miroirs, ces diseurs de verites, sont hais; cela ne les empeche pas d'etre utiles.
Quant a moi, j'ai ecrit pour tous, avec un profond amour pour mon pays, mais sans me preoccuper de la France plus que d'un autre peuple. A mesure que j'avance dans la vie je me simplifie, et je deviens de plus en plus patriote de l'humanite.
Ceci est d'ailleurs la tendance de notre temps et la loi de rayonnement de la revolution française; les livres, pour repondre a l'elargissement croissant de la civilisation, doivent cesser d'etre exclusivement français, italiens, allemands, espagnols, anglais, et devenir européens; je dis plus, humains. De là une nouvelle logique de l'art, et de certaines nécessités de composition qui modifient tout, même les conditions, jadis étroites, de goût et de langue, lesquelles doivent s'élargir comme le reste.
En France, certains critiques m'ont reproché, a ma grande joie, d'etre en dehors de ce qu'ils appellent le goût français; je voudrais que cet eloge fût merite.
En somme, je fais ce que je peux, je souffre de la souffrance universelle, et je tâche de la soulager, je n'ai que les chétives forces d'un homme, et je crie à tous: aidez-moi ! »
-Victor Hugo